
Si la mosaïque est une activité assez répandue dans le domaine des loisirs créatifs, elle est beaucoup plus rare en tant qu’activité professionnelle, exercée pleinement.
Un « métier d’art »
Le métier de mosaïste est pourtant bien l’un des 281 métiers d’art officiellement reconnus, appartenant au domaine de l’ « ameublement et de la décoration »: « Leur finalité est la création ou la restauration du patrimoine. Métiers de la main, ils nécessitent des années de pratique avant d’atteindre une maîtrise parfaite des gestes. » (source Ministère de la Culture)
Les Métiers d’art sont en effet un secteur spécifique, que l’on assimile souvent à tort à l’ensemble des métiers artistiques. Ils rassemblent tous les savoir-faire artisanaux « d’exception » et sont définis par la loi.
En 2011, après de longues années de pratique en amateur, je me suis convertie à ce métier en créant l’atelier « Anis et Céladon » et en me consacrant pleinement à la pratique des gestes qu’un.e professionnel.le doit maîtriser.
Être mosaïste, c’est aussi avoir acquis l’expertise des matières utilisées, et détenir une connaissance pointue de leurs caractéristiques, leur résistance, leur durabilité, champ d’application, etc. Connaître l’histoire des matériaux, les fournisseurs et les innovations fait partie des qualifications d’un.e mosaïste professionnel.le.
L’atelier et les outils
Matériellement, les mosaïstes disposent d’un espace de travail aéré, organisé autour d’une table bien éclairée et modulable.
Contrairement aux céramistes, les mosaïstes n’ont pas de four, ni de tour, ni de terre crue à façonner. Ils taillent et assemblent des matériaux naturellement durs ou durcis par cuisson à très haute température: la pierre, le verre ou la céramique, mais aussi la coquille d’œuf ou d’autres matériaux variés mais stables.
Selon sa spécialité, le ou la mosaïste utilisera, pour tailler ses fragments, une marteline et son tranchet (manuels mais parfois mécaniques), ou des pinces manuelles. La dextérité et la rapidité de l’utilisation de ces outils définissent les qualifications du métier de mosaïste, mais il faut y combiner d’autres qualités essentielles: la créativité, et/ou la capacité à restaurer une œuvre fidèlement.
Chacun son geste artistique
Il existe une certaine diversité dans les ateliers d’art mosaïque. Chaque mosaïste se spécialise souvent dans une technique, une matière ou un type de prestation: l’œuvre d’art (tableau ou sculpture), le décor, la restaurationde mosaïques anciennes, la mosaïque « contemporaine » scellée sans joint, la mosaïque « d’architecture » pour créer des revêtements personnalisés sur-mesure, muraux ou au sol, la mosaïque monumentale à grande échelle, ou a contrario la micro-mosaïque sur des bijoux ou autre, la mosaïque « Picassiette », etc.
Certain.e.s mosaïstes ne travaillent qu’ « à façon », c’est-à-dire qu’ils exécutent une commande à partir d’un dessin qui leur est fourni par le commanditaire*. L’activité penche alors vers l’artisanat, même si l’exécution d’une œuvre d’art est en soi une contribution à l’expression artistique.
D’autres mosaïstes revendiquent d’être les artistes-auteurs de leurs créations: ils dessinent tout ce qu’ils produisent, et leur travail constitue peu à peu une œuvre, personnelle et identifiable comme n’importe quel artiste.
Dans mon atelier, je travaille très majoritairement à la création de mes propres designs. Faire émerger mon style, mes motifs-signatures, exprimer ma sensibilité et apporter mon univers pictural ou narratif au patrimoine mosaïque, telle est ma vocation. Néanmoins, il est fréquent que je réalise des commandes en répondant à une demande précise, qu’elle soit inspirée par mes modèles ou pas. Je me réserve toutefois le droit de refuser certains projets qui sont trop éloignés de mon style, et incohérents avec ma direction artistique.
À suivre: je vous parlerai bientôt de la diversité des champs d’application de la mosaïque.
*L’éthique du ou de la mosaïste professionnel.le impose de respecter la propriété intellectuelle des modèles, et de refuser toute demande de copie ou de contrefaçon. Même un motif simple, relevant des arts décoratifs, est une création originale soumise au droit de la propriété intellectuelle.